Kharaman Khan Nazare-Aga

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Kharaman Nazare-Aga
Kharaman Khan Nazare-Aga
Kharaman Nazare Aga (à l'extrême gauche) lors de la semaine d'aviation de Champagne en présence du président Armand Fallières, en .

Nom de naissance Kahraman Basile Athanase Nazare-Aga
Naissance
16e arrondissement de Paris
Décès (à 78 ans)
16e arrondissement de Paris
Origine Drapeau de l'Iran Iran / Drapeau de la France France
Arme Légion étrangère
Grade 1917 : Chef de bataillon (er)
Années de service 19141918
Commandement compagnie de mitrailleuses du RMLE
Conflits Première Guerre mondiale
Faits d'armes 1915 : Champagne
1916 : Bataille de la Somme
1917 : Bataille de Verdun
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918 (9 citations)
Hommages Kharaman-Khan (prince)
Légionnaire de 1re classe d'honneur
Famille Youssef Khan Nazare-Aga (frère)

Kharaman Khan Nazare-Aga (né à Paris le et mort dans la même ville le [1]) est un diplomate et un officier français d'origine perse engagé volontaire dans la Légion étrangère durant toute la Première Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Kharaman Nazare Aga, né à Paris en 1877, est le fils du général Yemin Nazare-Aga (1827-1912), chargé d'affaires (1869), puis, ministre plénipotentiaire de Perse auprès du gouvernement français de 1873 à 1905 et de Agaphia Malkom (1853-1923), une Arménienne, mariés en 1869[2]. Il est le frère du compositeur Youssef Khan Nazare-Aga[3],[2].

Études et carrière[modifier | modifier le code]

Kharaman Nazare Aga effectue ses études en France. En , il entre au Collège Stanislas de Paris[4], puis il s'inscrit à l'École Polytechnique. À sa sortie, il entame une carrière diplomatique et occupe plusieurs postes en Europe, notamment en qualité de premier secrétaire de légation de Perse en Autriche-Hongrie[5]. En , à Bruxelles, il est secrétaire de la mission persane chargée d'annoncer officiellement l'avènement du nouveau shah de Perse, Mohammad Ali Chah, au roi des Belges Léopold II[6].

Capitaine dans l'armée perse et n'ayant jamais servi dans l'armée française, le gouvernement français le nomme néanmoins, chevalier de la Légion d'honneur, à titre civil, pour services rendus à la Nation[7].

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En , sans faire état de son grade dans l'armée perse et sans se prévaloir de son titre d'ancien élève de l'École Polytechnique, il signe un engagement pour la durée de la guerre au titre du 2e Régiment étranger (2e RE) et rejoint le dépôt de Toulouse le [8]. Il est affecté au bataillon C, constitué à partir des 13e et 14e compagnies du 2e RE arrivant de Saïda et devant entrer dans la composition du 2e bataillon de marche du 2e RE. Ce bataillon est définitivement constitué le et quitte le dépôt de Toulouse, à destination du camp de Mailly-le-Camp pour y compléter son instruction. Le bataillon monte au front le [7].

Le , le légionnaire Nazare-Aga est affecté à la compagnie de mitrailleuses du bataillon C, il est nommé au grade de caporal le et de sergent le . Il participe avec sa compagnie à l'offensive de Champagne[9],[10]. Le , le sergent Nazare-Aga est grièvement blessé par éclat d'obus. Il est évacué sur un hôpital de Lyon. En janvier 1916, il est affecté à la 2e compagnie de mitrailleuses du Régiment de marche de la Légion étrangère (RMLE), unité créée le [7].

En , le RMLE se prépare à participer à l'offensive de la Somme[9],[10]. Le , les 2e et 3e bataillons s'élancent à l'assaut du village de Belloy-en-Santerre et l'enlèvent de haute lutte. Le , suivant il est nommé par décret ministériel au grade de sous-lieutenant à titre étranger pour la durée de la guerre et reste affecté à la 2e compagnie de mitrailleuses[7].

Le , l'ennemi s'est replié sur une ligne fortifiée connue sous le nom de ligne Hindenburg. Le RMLE participe à l'opération qui vise à reprendre la place. En , Kharaman Nazare Aga obtient son second galon et la croix de la Légion d'honneur[10] avec comme citation :

« Engagé volontaire pour la durée de la guerre, s'est bravement conduit dans tous les combats livrés par le régiment, particulièrement en 1915 en Champagne, et en 1916 sur la Somme. À fait preuve, à nouveau, au cours des récentes opérations d'une belle crânerie au feu et d'un remarquable dévouement. Déjà blessé et deux fois cité à l'ordre au cours de la campagne. »[9].

Le , le sous-lieutenant est promu lieutenant à titre définitif[7]. Le , il est promu au grade de capitaine[11] à titre temporaire par décision du général en chef et prend le commandement d'une compagnie de mitrailleuses[7].

Après la signature de l'armistice du , le capitaine Nazare-Aga suit le RMLE qui occupe la ville de Frankenthal sur la rive gauche du Rhin. Le , alors que le RMLE quitte le Palatinat pour rejoindre l'Algérie, le capitaine Nazare-Aga est dirigé sur le 1er régiment de cuirassiers pour être démobilisé le [7].

Après la guerre[modifier | modifier le code]

Après sa libération, chef de bataillon de réserve, il conserve des liens étroits avec les anciens du RMLE. Il est président de l’association des anciens combattants, engagés volontaires dans l’armée française[12]. Il crée une amicale des « Volontaires étrangers » de la grande guerre qui se veut différente des amicales regroupant d'anciens légionnaires[13]. Pour être membre de l'amicale, il faut avoir servi dans l'un des régiments de marche qui ont combattu sur le front français.

Le journal The Paris Times du désigne Kharaman Nazare Aga « L'homme du jour »[8], en raison de ses dix citations en temps de guerre, du fait qu'il soit probablement le seul volontaire de 1914 à demeurer au front durant tout le conflit et de son rôle dans l'association des engagés volontaires dans l'armée française[8]. D'autre part, ses biens en Perse ayant été détruits et ne rapportant plus aucun revenu, il ouvre un magasin d'antiquités persanes avec son frère au no 3 avenue Pierre Ier de Serbie à Paris[8].

Il reste en rapport avec le général Rollet qui l'invite à ranimer la flamme du « Soldat inconnu » le , devant les membres de son amicale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'efforce de soutenir le moral des prisonniers de guerre. En 1946, il fonde la Maison des Invalides de la Légion Étrangère[14] et envisage la construction d'une maison destinée à recevoir les grands invalides qui sera installée au château de Saint-Jullin dans l'Isère[7].

Honneurs et décorations[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 16e, n° 2005, vue 2/24.
  2. a et b Muḥammad Nādir Naṣīrī Muqaddam, La révolution constitutionnelle à Tabriz à travers les archives diplomatiques françaises (1906-1909), Saint-Denis, Connaissances et savoirs, 585 p. (lire en ligne), p. 522-523.
  3. Pierre Dufour, La Légion en 14-18, Paris, Pygmalion, , 397 p. (ISBN 2-85704-829-7), p. 53.
  4. Annuaire, Annuaire renfermant les documents relatifs à l'année 1892 : Liste des élèves, Paris, Imprimerie Noizette, , 473 p. (lire en ligne), p. 420.
  5. Almanach de Gotha, Justus Perthes, (lire en ligne), p. 648
  6. La rédaction, « La mission persane à Bruxelles », Le Vingtième Siècle, vol. 13, no 199,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  7. a b c d e f g et h MORISOT, « Nazare-Aga, une famille Perse dans la Légion étrangère », sur FSALE (consulté le ).
  8. a b c et d (en) « The man of the day », The Paris Times, no 294,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  9. a b et c Rédaction, « Le monde et la ville », Le Figaro, no 168,‎ , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
  10. a b et c Rédaction, « Tableau d'honneur », L'Écho de France, no 12017,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  11. France, Journal officiel de la République française, (lire en ligne)
  12. « L’inauguration du monument des Garibaldiens au cimetière du Père-Lachaise – 27 mai 1934 », sur Les combats de l'Argonne en 14-18, (consulté le )
  13. « Fédération des Sociétés d' Anciens de la Légion étrangère FSALE », sur beretsvertsbrotherhood.e-monsite.com (consulté le )
  14. « Le Château de la Serve », sur La Balme les Grottes (consulté le )
  15. a et b La rédaction, « Légion d'honneur », L'Express du Midi : journal quotidien de Toulouse et du Sud-Ouest,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Paul Ayres Rockwell, American Fighters in the Foreign Legion, 1914-1918, Houghton Mifflin, (lire en ligne).

Sources[modifier | modifier le code]

  • Division histoire et patrimoine de la Légion étrangère
  • Képi blanc

Liens externes[modifier | modifier le code]